Le nom de Gaïa. À propos d’un malentendu moderne

Le concept de Gaïa bouscule la compréhension des rapports entre vivants et environnement. Par-delà ses implications strictement théoriques, il offre les moyens de penser autrement les principes de vie collective, en considérant l’environnement non pas au prisme de la notion de nature, mais comme un agent susceptible de réagir aux actions humaines. Retour sur un concept qui génère autant de controverses que de malentendus.

Mais que signifie donc ce nom pour que son emploi crispe aussi bien les spécialistes des sciences dures que les politiques et les philosophes ? Accorderait-on finalement assez d’intérêt à l’Antiquité pour que le nom de Gaïa réactive le souvenir d’un vieux mythe cosmique ou, pire encore, agite le spectre du polythéisme ? Si l’on croit cependant que la Gaïa définie par Bruno Latour est assimilable à la Gaïa dont Hésiode fait un des principes organisateurs du cosmos ou même à une figure imaginaire d’esthétique New Age, c’est que l’on est sans doute en proie à l’illusion créée par un nom[1] aux consonnances, il est vrai, particulièrement évocatrices.

Le nom de Gaïa apparait sous la plume du sociologue et philosophe des sciences Bruno Latour dans ses travaux de recherche sur l’écologie, notamment dans son ouvrage Face à Gaïa[2], qui reprend un cycle de discours prononcés dans le cadre des conférences Gifford à Édimbourg en février 2013. Il correspond dans ce contexte à un concept à la fois scientifique et philosophique permettant de penser les rapports entre les vivants et leur environnement non pas selon l’opposition traditionnelle entre sujet et objet, ou entre culture et nature, mais en termes d’interactions. Étonnant, le nom est donc aussi immanquable pour qui cherche à écouter, en deçà du flot d’informations sur la question, ce qui se dit en ce moment des enjeux posés par la crise climatique. Il semblerait cependant que le concept de Gaïa, à côté des controverses scientifiques nécessaires à sa bonne instauration, soit l’objet de malentendus. Il ne nous parait donc pas vain d’en redire quelques mots, en nous appuyant sur quelques-uns des textes qui ont servi à le définir, pour l’arracher aux contresens qu’une lecture trop rapide, voire idéologique, risque toujours de provoquer.

 

Gaïa, de l’hypothèse au concept scientifique.

Un bon point de départ pour sortir de l’illusion suscitée par la puissance évocatrice du nom est sans doute de replacer celui-ci dans la chaine de référence que Bruno Latour prend le soin de retracer quand il explique l’histoire de sa désignation[3]. La bonne compréhension de Gaïa semble en effet indissociable de la prise en compte du contexte très particulier de l’émergence de son nom. La Gaïa dont parle Bruno Latour renvoie à l’hypothèse scientifique élaborée par le chimiste James Lovelock dans les années 1960, selon laquelle la terre est formée d’une « enveloppe sensible et périssable »[4] sous l’effet de l’action des vivants. Détail contingent mais décisif, l’écrivain William Golding, l’auteur de Sa Majesté des mouches, propose à Lovelock le nom de Gaïa pour qualifier sa nouvelle hypothèse. Cette anecdote significative, Bruno Latour ne manque pas de la rappeler afin de désamorcer toute idéalisation de Gaïa en même temps qu’il fait ainsi sentir par contraste le caractère profondément unique, fortuit, fragile de sa désignation. Il s’en est donc fallu de peu que l’hypothèse scientifique ne fût autrement dénommée. Il s’en faut de beaucoup cependant pour chasser, encore aujourd’hui, les soupçons d’irrationnalité que suscite le nom aux troublantes consonnances mythiques. La puissance suggestive du signifiant aura en effet jeté sur l’hypothèse du scientifique britannique un lourd discrédit[5].

 

Gaïa n’est donc ni une divinité grecque, ni une figure ésotérique, ni une légende, ni une personnification à fonction ornementale ou marketing d’un discours philosophique ou politique. Elle n’est d’ailleurs bien moins qu’elle ne désigned’abord une réalité géologique qui a du reste évolué à mesure que l’hypothèse a été retravaillée, questionnée, réinterprétée. Depuis que James Lovelock l’a nommée, l’hypothèse s’est en effet transformée en concept. Avec les travaux de la biologiste Lynn Margulis, qui ont montré que les bactéries modifient l’environnement dans lequel elles se trouvent depuis des milliards d’années, l’hypothèse de Lovelock a fini par désigner le principe de régulation collectif de l’environnement des vivants par les vivants. Dans leur sillage, Timothy Lenton, Sébastien Dutreuil et Bruno Latour ont décrit dans un article récent[6] l’histoire et les controverses liées à l’hypothèse, en même temps qu’ils ont redéfini celle-ci à partir des résultats d’enquêtes sur la composition atmosphérique et le cycle biogéochimique : Gaïa est le concept qui désigne dans leur terminologie le principe d’autorégulation de la terre formé par les interactions entre les vivants et leur environnement.

Si Gaïa est l’ensemble des réseaux tissés par de telles interactions, la rendre visible nécessite, nous disent nos trois auteurs[7], de recenser tous les vivants, de décrire leurs interactions et de déterminer parmi elles celles qui affectent les conditions d’habitabilité de la terre. Les tenants du concept de Gaïa ont ceci de particulier qu’ils prennent en compte à la fois l’histoire longue de la terre et le fait que les vivants y habitent, ce qui n’est pas le cas d’autres types d’études analysant les modifications climatiques soit sur une échelle de temps restreinte, soit de manière exclusivement prospective, soit en mettant de côté l’impact des humains[8]. Le problème que rencontrent les tenants de Gaïa est qu’il est difficile de rendre visible les petites modifications qu’exercent les vivants les uns sur les autres dans le bilan énergétique global du « Système Terre » (Earth System), cadre théorique général des sciences de la nature qui ne prend pas sérieusement en compte l’hypothèse Gaïa, quoiqu’il soit apparu sous l’influence des travaux de Lovelock[9]. Les biologistes évolutionnistes par exemple refusent le concept de Gaïa et préfèrent parler exclusivement de Système Terre pour désigner les mécanismes géologiques, le processus d’interactions ne constituant pas selon eux un principe mécanique assez satisfaisant pour expliquer la régulation globale de la terre. Il y aurait donc comme une disproportion entre la finesse et la multiplicité des informations recueillies par l’analyse des interactions d’un côté, et le cadre théorique général que constitue le Système Terre pour les organiser de l’autre. C’est que l’approche du Système Terre étudie le fonctionnement de la Terre, en tant que planète, sur une échelle spatio-temporelle longue, indépendamment des vivants qui la peuplent[10]. Dès lors, elle ne permet pas de rendre compte des données empiriques montrant l’autorégulation de la terre sous l’action des vivants. À l’inverse des biologistes évolutionnistes évoqués par nos trois auteurs, certains géologues reconnaissent empiriquement l’hypothèse Gaïa et tiennent compte du changement global de l’environnement à une échelle récente de l’histoire humaine, mais ils en délaissent les implications théoriques, en particulier l’idée que les vivants affectent et modifient par leurs actions leur habitat. À la différence des premiers et des seconds, les tenants de Gaïa fondent leur étude des phénomènes terrestres sur une démarche descriptive empirique qui tient compte de la matérialité des vivants et de leurs interactions, en même temps qu’elle s’attache à construire un cadre théorique scientifique permettant de saisir abstraitement les nouvelles données ainsi établies. En ce sens, Gaïa est la pierre angulaire d’une pensée écologique qui cherche à tenir compte de la réalité du vivant précisément pour construire les outils théoriques et politiques nécessaires à sa préservation.

 

La traduction philosophique d’un concept scientifique.

Mais si le concept de Gaïa est sujet à controverse chez les spécialistes des sciences de la nature, c’est peut-être parce que c’est la notion de nature elle-même qu’il remet en cause. Si les humains modifient leurs conditions de vie, alors la nature ne ressemble plus à ce qu’elle était pour les Modernes depuis le XVIIe siècle. Avec Gaïa en effet, la terre n’est plus cette surface inerte et objectivable à merci, cette inépuisable ressource aux lois immuables qui s’offre à la contemplation, mais un espace de vie susceptible de s’écrouler sous nos pieds, une zone terrestre réactive dont les conséquences physiques, humaines, sociales, économiques deviennent difficiles à anticiper, du fait même de leur ampleur et de la possibilité de leur propagation. Si la nature change, c’est donc l’idée même de culture, son indissociable pendant, qui s’en trouve modifiée. Sans l’idée d’une nature stable, les sociétés humaines ne peuvent plus se penser comme des ensembles d’êtres détachés du sol qu’ils habitent.

De la même manière que le cadre théorique général du Système Terre ne permet pas de rendre compte des interconnexions entre vivants et environnement, l’opposition traditionnelle entre nature et culture rend difficilement représentables les implications réciproques entre l’activité de la terre et les vivants qui la peuplent, ces inextricables rapports entre espace et vie que l’Anthropocène a fait apparaitre dans un monde dont nous croyions, nous dit Bruno Latour, que la modernité avait dissipé les intrications, longtemps perçues comme caractéristiques des sociétés anciennes ou dites primitives, entre savoir cosmologique et pratiques collectives[11]. C’est justement tout le projet de Bruno Latour dans Face à Gaïa que de faire passer Gaïa du domaine scientifique au domaine non seulement philosophique, mais aussi politique, pour agir en fonction des interactions réelles ou potentielles dans lesquelles nos actions sont désormais prises.

Reconnaitre de telles impasses de la pensée, cela ne veut pas dire jeter l’opprobre sur la science ni déverser sa haine sur Descartes. Cela n’implique pas de refouler l’idée de nature en prétendant que celle-ci, parce qu’elle serait aussi une fabrication théorique, n’aurait jamais existé. Ce qui est fabriqué, dans le langage de Bruno Latour, est loin d’être synonyme de faux[12]. Bien au contraire, le sociologue des sciences invite à regarder le passé, non pour le nier, mais pour comprendre ce qu’il a apporté, dans un contexte historique donné, et voir comment l’on peut désormais appréhender nos actions dans cet espace-temps nouveau et unique qui est le nôtre depuis l’Anthropocène[13]. Rappelons que Bruno Latour prend le soin de retracer dans Face à Gaïa ce que les catégories modernes de nature et de culture recouvrent sémantiquement. Il ne s’agit donc pas de faire la critique de ces catégories en démontrant qu’elles sont des chimères de la pensée, mais de repartir de ces catégories pour montrer par différence ce que les conséquences de l’Anthropocène impliquent comme nouveau travail de théorisation.

Comment alors rendre visible non pas seulement biologiquement et géologiquement, mais philosophiquement, socialement, politiquement et même artistiquement les interactions entre les vivants et leur environnement ? En regardant la terre comme une réalité physique susceptible de réagir et de modifier par conséquent nos propres actions. Si Gaïa n’est ni une figure divine, ni un personnage de fiction, ce qu’elle partage néanmoins avec l’une et l’autre, c’est d’avoir ce que l’on appelle aussi bien en philosophie et en sciences humaines qu’en linguistique, une agentivité[14]. Depuis les années 1980 en effet, les réflexions sur les théories de l’agir (agency) ont permis de montrer que l’opposition traditionnelle entre sujet et objet, agent et patient, ne permet pas de rendre compte du caractère non nécessairement intentionnel et libre de la réalisation d’une action[15]. Elles ont permis de développer une approche qui considère l’action comme un point de passage entre des puissances d’agir différentes. Quand Bruno Latour fait de Gaïa un agent, une puissance d’agir, un être animé, c’est donc au sens que ces théories ont défini. Autrement dit, Gaïa est la couche terrestre en tant que sa capacité à réagir à nos actions peut avoir une incidence sur celles-ci. Elle est un agent physique, concret, matériel dont l’activité affecte les modes de vie collective, et la possibilité même de continuer à vivre.

Reconnaitre Gaïa[16], c’est dès lors prendre acte des limites du concept moderne de nature, en ce qu’il ne nous permet pas de penser ce qui vient et qui n’est, là non plus, ni fantasme, ni essence, encore moins tentative de restauration religieuse, mais l’expression désignant l’ensemble des risques mortifères qui proviennent de ce que les conditions d’habitabilité de la terre ne sont plus assurées.

 

La démarche empirique comme mode de pensée et d’action non moderne.

Il est étonnant de voir que la Gaia de l’Antiquité grecque, avec laquelle est encore confondue la Gaïa de Lovelock, avait subi le même sort. Elle aussi a été, pendant un temps, une figure fantasmée. Certains hellénistes ou historiens des religions y ont reconnu une sorte de Mère primitive ou de déesse féminine universelle des origines, alors qu’aucune source archéologique ne permettait d’affirmer la primauté de Gaia sur les autres divinités[17]. La compréhension de ce que recouvre une entité, qu’il s’agisse d’un concept, d’une idée ou d’une puissance divine ne peut se passer de l’analyse de ses modes de manifestations à travers les sources qui sont à notre disposition. Bruno Latour le rappelle : « Il faut faire pour la théorie scientifique de Gaïa ce que les magnifiques travaux des hellénistes nous ont appris à faire pour les personnages mythologiques comme l’antique Gè. Comme toujours, il faut remplacer ce que sont les dieux, les concepts, les objets et les choses, parce ce qu’ils font[18]. » Il se trouve en effet qu’à peu près au moment de la naissance de l’hypothèse Gaïa en Angleterre, au moment où la Quatrième dimension avait interrogé aux États-Unis les possibilités de vie extraterrestre, l’école anthropologique de Paris, dans le sillage de la sociologie durkheimienne et du structuralisme de Lévi-Strauss, se mettait à analyser les divinités grecques en les arrachant au ciel prétendument abstrait des essences pour les étudier comme des puissances dont nos fragiles sources littéraires et archéologiques attestent néanmoins les manifestations bien concrètes : gestes, paroles, objets, pratiques rituelles, espaces sacrés.[19] Ce n’est que par l’analyse empirique des modes d’apparition d’une divinité qu’il est possible de comprendre ce que celle-ci recouvre abstraitement.

C’est cette démarche que Bruno Latour suit en réalité quand il cherche à décrire Gaïa, qui n’a donc rien à voir avec l’antique puissance divine, et qui ne s’en veut pas même l’actualisation. En anthropologue, Bruno Latour part de manière empirique des problèmes, en suivant, triant, analysant les informations que les différentes entités, humaines ou non, transmettent, pour créer les moyens de penser et d’agir en vue de leur résolution. Ainsi les ateliers des consortiums « Où atterrir » mis en place pour recueillir dans des territoires donnés les problèmes écologiques rencontrés par les populations[20], ou encore les questionnaires qui ont circulé pendant la période du confinement pour enregistrer les attachements et les liens de dépendance que le virus a fait apparaitre sous un jour nouveau au printemps dernier[21]. Ainsi les enquêtes scientifiques sur les modifications de la biosphère. Ainsi encore les expériences théâtrales pour rendre compte, par leur mise en espace, des divergences entre les intérêts des humains et l’activité de l’environnement[22]. Quoi de plus concret ? Le cahier de doléances, modèle que Bruno Latour a en tête lorsqu’il cherche à recueillir les informations, n’est-il pas l’exemple le plus évident en France du caractère opérationnel de la recherche empirique ? Comme les scientifiques relèvent les informations que les éléments terrestres non humains transmettent, l’anthropologue relève et rend possible le relevé d’informations des pratiques de vie humaines liées aux modifications climatiques, en constituant des équipes et en utilisant les ressources numériques pour les enregistrer et les analyser. Bien loin de la réflexion exclusivement spéculative ou du discours politique qui veut embrasser la totalité du réel sans vouloir y mettre les pieds, Bruno Latour exécute pas à pas depuis des années le geste modeste qui consiste à décrire les petites modifications de nos vies.

Impossible cependant de faire comprendre toutes les dimensions prises par le projet philosophique et politique de Bruno Latour, de Face à Gaïa à l’Enquête sur les modes d’existence. Impossible de résumer dans ce petit article l’ampleur des thèses développées dans ses différents ouvrages et les controverses qu’elles ont engendrées, ni même la profondeur des couches textuelles qui traversent et animent son écriture, de Charles Péguy à Gilles Deleuze, bien loin du manque de sérieux que le nom de Gaïa peut susciter à l’oreille de celui ou celle qui refuse de changer ses dispositions d’écoute. Impossible de redire tout le long travail pour extirper des discours idéologiques, d’un côté comme de l’autre, les mots de sol, de nation, et de territoire. Mais nous tentons simplement ici de rendre visible ce qu’a de pertinent, et surtout de vital, le déplacement de l’idée de nature vers les possibilités d’action et de réflexion que Gaïa fait apparaitre.

La crainte d’être mal compris ou la pudeur de l’employer de façon inopportune peut expliquer la difficulté de prononcer son nom. Sans doute est-ce l’un de ces mots qu’on ne dit pas à la légère. C’est d’ailleurs pour échapper aux malentendus qu’à côté de lui, dans un contexte où son emploi prêterait trop à confusion, Bruno Latour utilise dans le sillage des géologues l’expression « zone critique » pour désigner la fine couche terrestre dont chacun peut voir, en deçà des controverses scientifiques et philosophiques, que son activité affecte désormais, même s’il n’en meurt pas (encore), la vie collective. Mais si la peur individuelle de transgresser des règles éthiques dans certaines conditions d’énonciation ou la crainte de briser les cadres traditionnels de pensée peut nous faire hésiter à le prononcer, le reléguer toutefois dans les bas-fonds de l’innommable en prétextant de son irrationnalité au lieu de se laisser aller à l’expliquer, c’est agir par peur plus que par raison, et plus que de raison. N’est-ce pas en effet refuser encore une fois d’entendre la menace de mort dont chaque jour nous parvient pourtant l’écho ? N’est-ce pas sacrifier à l’idéal du progrès dont l’action écologique cherche pourtant à contrer les effets mortifères ? Le malentendu rappelle l’aveuglement tragique d’Œdipe, dont le nom est lui aussi le noyau d’un vaste réseau d’interprétations et de questionnements sur les possibilités humaines de savoir. En cela, le nom de Gaïa semble avoir, finalement, un rapport avec le mythe antique : comme lui, il est un objet qui circule et génère de multiples interprétations[23]. Mais s’il doit faire peur, c’est moins pour l’imaginaire qu’il charrie que pour la menace qu’il recouvre effectivement.

 

 

[1] C’est le cas aussi par exemple d’un concept comme celui de magie en sciences humaines, dont la puissance évocatrice a été si forte qu’elle a entrainé rétroactivement la relecture des textes antiques en leur appliquant la notion moderne de magie. Voir Cléo M. Carastro, « La magie entre histoire et anthropologie. Relire la contribution d’Henri Hubert au dagr », Anabases [En ligne], URL : http://journals.openedition.org/anabases/3007.

[2] Bruno Latour, Face à Gaïa. Huit conférences sur le Nouveau Régime Climatique, Paris, La Découverte, 2015.

[3] Voir notamment Bruno Latour, Face à Gaïa…, 3e conférence.

[4] Ibid., 3e conférence.

[5] Ibid., 3e conférence.

[6] Timothy M. Lenton, Sébastien Dutreuil, Bruno Latour, « Life on Earth is hard to spot », The Anthropocene Review, 2020. https://doi.org/10.1177/2053019620918939

[7] Nous tentons de résumer dans ce paragraphe, du mieux que nous pouvons, quelques aspects de leur riche article.

[8] Respectivement, il s’agit des études réalisées par la NASA à partir des années 1980, par le programme IGPB (Institution for Geosphere-Biosphere Programm) et par le projet IPCC (International Panel of Climate Change).

[9] Voir aussi sur ce point Sébastien Dutreuil, « L’hypothèse Gaïa : pourquoi s’y intéresser même si l’on pense que la Terre n’est pas un organisme ? », Bulletin d’histoire et d’épistémologie des sciences de la vie, 2012/2 (Volume 19), p. 229-241. URL : https://www.cairn-int.info/revue-bulletin-d-histoire-et-d-epistemologie-des-sciences-de-la-vie-2012-2-page-229.htm

[10] Voir aussi sur ce point Timothy M. Lenton, Sébastien Dutreuil, « Distinguishing Gaia from the Earth System(s) » in Critical Zones. The Science and Politics of Landing on Earth, edited by Bruno Latour and Peter Weibel, p. 177.

[11] Voir Bruno Latour, Nous n’avons jamais été modernes. Essai d’anthropologie symétrique, Paris, La Découverte, 1991.

[12] Voir Bruno Latour, Jubiler ou les tourments de la parole religieuse, Paris, La Découverte, 2013, p. 171.

[13] C’est là toute l’attitude explicitée par Bruno Latour et qu’il qualifie de non moderne (Nous n’avons jamais été modernes…, p.69 : « Cette attitude rétrospective qui déploie au lieu de dévoiler, qui ajoute au lieu de retrancher, qui fraternise au lieu de dénoncer, qui trie au lieu de s’indigner, je la caractérise par l’expression non moderne (ou amoderne) ».

[14] Le terme « agentivité » est une des traductions françaises possibles du concept d’agency. Bruno Latour lui préfère l’expression française « puissance d’agir », qu’il reprend à Spinoza. Voir à propos de l’histoire du mot et du concept, Manon Brouillet et Alessandro Buccheri, « Agents, intentionnalités et modes d’agir dans l’Antiquité », Cahiers « Mondes anciens », URL : http://journals.openedition.org/mondesanciens/2441.

[15] Ibid.

[16] Signalons, sur l’importance et la cohérence des travaux de Bruno Latour dans cette entreprise de reconnaissance, le livre à paraitre codirigé par Frédérique Aït-Touati et Emanuele Coccia, Le cri de Gaïa. Penser avec Bruno Latour, Paris, La Découverte, 2021.

[17] Stella Georgoudi, « Gaia/Gê : entre mythe, culte et idéologie », Myth and Symbol I. Symbolic phenomena in ancient Greek culture (dir. Synnøve des Bouvrie), Bergen, Papers forme the Norwegian Institute at Athens 5, 2002.

[18] Bruno Latour, Face à Gaïa…, 3e conférence.

[19] Nous pensons notamment aux travaux de Marcel Detienne et de Jean-Pierre Vernant sur le polythéisme grec.

[20] Voir, par exemple, le texte explicatif de la démarche sur le site personnel de Bruno Latour : http://www.bruno-latour.fr/sites/default/files/downloads/P-199-CONSORTIUM-PROJETpdf%2b.pdf

[21] Voir l’article paru le 30 mars 2020 dans la revue AOC : https://aoc.media/opinion/2020/03/29/imaginer-les-gestes-barrieres-contre-le-retour-a-la-production-davant-crise/

[22] Notamment l’expérience du Théâtre des négociations aux Amandiers en mai 2015. Voir Bruno Latour, Face à Gaïa…, 8e conférence.

[23] Sur le concept de mythologie générative, voir John Scheid et Jesper Svenbro, La tortue et la lyre. Dans l’atelier du mythe antique, Paris, CNRS Éditions, 2014.

 

 

Déborah Bucchi est agrégée de lettres classiques. Elle prépare actuellement une thèse sur les expériences du divin dans la tragédie grecque et le théâtre contemporain.

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