Le socialisme face aux rivalités mondiales

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[Avertissement : la rédaction du numéro a été achevée avant l’éclatement de la guerre en cours en Ukraine. Nous estimons cependant que les vues développées dans ce numéro ne s’en trouvent nullement invalidées. C’est pourquoi nous n’avons pas pro- cédé à une mise à jour.]

 

La politique extérieure ne saurait être l’apanage des exécutifs, des diplomates et des militaires. Elle se doit d’être pensée, et cela depuis l’intérieur d’une doctrine élargie de la démocratie fondée sur l’analyse sociologique. On l’aborde trop souvent comme une série de « dossiers » sectoriels. Bien sûr, l’expertise des enjeux particuliers est nécessaire pour appréhender la complexité du réel – ce numéro lui accorde ainsi la part qui lui revient mais à la condition de les envisager comme des éléments déterminants de la vie des nations. Pour saisir les forces qui structurent les relations internationales, il ne suffit pas de se limiter à la chronique des relations entre États et entre dirigeants, il faut s’aventurer dans ce qui fait l’épaisseur des rivalités et des interdépendances mondiales, regarder de près la structuration des groupes sociaux, l’organisation institutionnelle des capitalismes nationaux, mesurer leurs effets globaux, et saisir jusqu’aux fondements les plus profonds de la puissance des nations et de l’intégration sociale qu’est l’écologie des sociétés.

Ce numéro s’efforce de dégager, à travers la succession des crises, des dossiers, des rivalités mondiales dont l’actualité est faite, la ligne plus profonde selon laquelle un projet, une stratégie et une vision de la politique internationale peuvent s’inscrire dans la durée par la compréhension commune des dynamiques sociales qui font les nations, déterminent leurs relations, leurs évolutions communes, leurs divergences et leurs rivalités.

Un projet, une stratégie et une vision socialistes. D’abord parce que, si nous voulons penser les relations internationales dans la durée, il faut bien se situer dans un espace, un passé et un présent. Pour nous, cette histoire, ce lieu et cette actualité sont le socialisme européen. Si le socialisme est actuel et européen c’est que les nations européennes reposent largement sur des États sociaux qui permettent, par des mécanismes de répartition solidaire, l’intégration sociale des individus. C’est pour nous ce qui fait l’union politique et sociale de l’Europe. Or ce sont bien ces États sociaux, comme forme de société politique, qui sont mis à l’épreuve par les rivalités mondiales, tant par le développement de la mondialisation, qui constitue un défi pour leur stabilité, que par la contestation idéologique des sociétés démocratiques occidentales par des puissances émergentes, souvent autoritaires. Cette situation oblige le socialisme à une nouvelle vigueur qui suppose d’intégrer dans l’analyse des dynamiques sociales, leurs conditions et conséquences internationales. Les approches purement libérales ou conservatrices ne permettent pas de faire face à ces enjeux. La première tombe dans une vision cosmopolitique, mondialiste abstraite, faisant abstraction de la réalité sociologique des nations et de la structuration institutionnelle des capitalismes. La seconde voit dans les nations autant d’identités closes, substantialisées, et encourage un repli nationaliste identitaire qui renforce les rivalités sans prendre au sérieux les interdépendances internationales.

Une stratégie socialiste, ensuite, parce que, si le socialisme est une invention du XIXe siècle européen, le XXesiècle et le début du XXIe montrent que le vocable parle à la plupart des peuples, chacun dans sa langue propre. De manière illégitime, parfois, il est vrai, tant le « socialisme aux caractéristiques chinoises » correspond peu à ce que l’ambition et l’éthique socialistes ont signifié historiquement pour les exploités du monde entier.

Une vision socialiste, enfin, parce que le réel humain, c’est d’abord des faits sociaux. Les discours géopolitiques qui circulent dans les médias sont souvent ballotés entre ce qu’on pourrait appeler des hard facts et des soft facts : la puissance matérielle brute d’un côté, les pures représentations subjectives de l’autre. Cependant, la chose est peut-être mystérieuse, mais ces faits ne deviennent « réels » que lorsqu’ils sont sociaux. Prenons un exemple extrême : une armée. Une armée n’est pas qu’une accumulation brute d’hommes, d’armes, de matériel et de vivres (hard facts). Elle ne tire pas non plus sa force d’une « mentalité », d’un état d’esprit, d’un génie particulier (soft facts). Il faut bien sûr prendre ces éléments en compte, mais « Nous vaincrons, parce que nous sommes les plus forts » d’un côté, « Gott mit uns » de l’autre, ce sont les meilleurs moyens de perdre une guerre. D’une part, parce qu’on ne gagne véritablement les guerres qu’en gagnant la paix par l’assentiment des sociétés, là où la pure politique de puissance vient le plus souvent se heurter à la vie des groupes sociaux dont les armées ont pourtant été défaites. D’autre part, parce que, fondamentalement, une armée est une organisation, un système – tactique, opérationnel, stratégique – et une institution qui s’inscrit dans une société, portée par certains groupes qui envisagent leur fonction militaire par rapport aux formes de leur intégration sociale dans une nation. C’est donc un fait social. Et comme l’expliquait Polybe, c’est d’abord la qualité de cette organisation (ainsi que la chance) par rapport à un terrain et une temporalité donnés qui fait remporter les batailles, qui font gagner les guerres, qui constituent les empires. Le socialisme, c’est ainsi remettre le « social » au centre de l’analyse du réel.

Mais évidemment le monde change et le socialisme doit changer avec. Il est né, au milieu du XIXe siècle, alors que l’Europe était dans sa phase d’expansion démographique, économique et impériale – et surtout, lorsqu’elle était le centre de l’économie-monde globalisée en train de se constituer. Désormais, l’Europe n’est plus qu’une province du monde, une puissance parmi d’autres, mise sous pression par d’autres, d’une autre échelle : les États-Unis et la Chine – mais aussi par le rattrapage partiel d’un nombre toujours plus grand de pays dans le monde, en Asie de l’Est et du Sud-Est notamment. Depuis 1918, le monde n’est plus « européen », mais il se pourrait bientôt qu’il ne soit plus même « occidental », si la Chine communiste parvenait à reconstituer un ordre mondial sur des fondements autres que ceux mis en place en 1945 par les États-Unis.

L’innovation technologique, notamment dans le numérique, bouleverse également la réalité technique et organisationnelle du travail ayant présidé à la naissance du socialisme. Enfin, le dérèglement des équilibres écologiques sur lesquels repose en définitive toute économie humaine nous contraint à opérer un « retour au réel » – physique, chimique, biologique – par rapport aux impensés du premier socialisme.

Un socialisme réaliste mais exigeant face aux rivalités mondiales aura trois caractéristiques. Ce sera d’abord un socialisme provisoire plutôt que « définitif ». Son objectif n’est pas l’établissement d’un système utopique où il n’y aurait plus ni exploitation, ni domination, ni émission de CO2, comme si ces choses pouvaient se décréter – et comme s’il n’y avait pas, dans toute société, une bonne partie des gens qui se revendiquent de projets différents du socialisme et en concurrence avec lui. Le socialisme ne peut être que provisoire en ce qu’il doit sans cesse prendre en considération les évolutions des interdépendances sociales et écologiques. Voilà pourquoi les projets socialistes doivent se penser comme autant de stratégies. C’est à partir de cette position que le socialisme peut faire contrepoids au « capitalisme », c’est-à-dire non pas à l’économie de marché (qu’il s’agit d’organiser et de réguler plutôt que de remplacer tant elle indissociable d’un niveau élevé de division du travail social) mais à la dynamique de concentration des richesses. Celle-ci, qui bénéficie à une classe sociale très restreinte, menace bien trop souvent les équilibres sociaux, géopolitiques et écologiques dont dépendent in fine la qualité de vie de tous les autres humains.

Un socialisme dans chaque pays ensuite, qui envisage l’internationalisme comme la convergence vertueuse de systèmes sociaux de plus en plus égalitaires et écologiques. Paradoxalement, la mondialisation a confirmé le fait national partout sur la planète. L’accroissement sans précédent des échanges ne s’est pas accompagné de la constitution d’un marché mondial pleinement intégré, ni de mécanismes de régulation et de solidarité mondiaux. La mondialisation a plutôt renforcé l’influence de la structuration institutionnelle des capitalismes nationaux, ou régionaux, les plus puissants sur les dynamiques économiques et sociales qui affectent l’ensemble des nations. Les classes ouvrières européennes (et surtout leur « aristocratie » syndicale) relativement homogènes, qui étaient au XIXesiècle à peu près les seules classes ouvrières du monde, se sont complètement transformées, et les travailleurs européens sont désormais en relation (de concurrence mais aussi d’interdépendance) avec les travailleurs chinois, indiens, et d’ailleurs. Les économies développées, en Occident et en Asie, ont trouvé des instruments de régulation (variables certes, mais au moins minimaux) pour intégrer les travailleurs dans un cadre national : accès à la consommation, aux soins, à un système de retraites et d’éducation. C’est seulement de ce cadre national, nous semble-t-il, que chaque projet socialiste peut partir aujourd’hui, et uniquement à cette condition qu’il pourra produire des coopérations transnationales et des effets d’intégration sociale internationale, comme ceux qui caractérisent l’Union européenne. C’est chacun dans leur pays que les socialistes doivent travailler à défaire les nuisances structurelles de la classe capitaliste, à faire advenir des systèmes sociaux plus égalitaires et écologiquement soutenables. Cela suppose d’affronter avec lucidité les divergences nationales pour trouver des compromis et des points de convergence identifiés à partir des interdépendances entre nations.

Un socialisme réaliste, enfin, sinon « réel ». Pour ne pas se briser contre le mur d’airain de la géopolitique, un projet socialiste doit, sans se trahir, savoir s’adapter aux contraintes des rapports de force internationaux. Un projet socialiste qui n’anticipe pas les résistances qu’il va rencontrer se condamne à réagir trop tard, et à réagir en se reniant. Ce n’est que par l’anticipation des chocs sans précédents qui vont ébranler nos régimes politiques et sociaux que nous préserverons au mieux une démocratie aussi représentative, sociale et plurielle que possible. Là aussi, réagir trop tard fait peser le risque de la « réaction » politique : recul des libertés publiques et des droits sociaux, populisme, technocratisme, hégémonie exécutive, violence d’État, etc. Pour ne pas nous conduire en somnambules, il faut donc anticiper les obstacles géopolitiques.

Les plus structurants sont d’ordre écologiques. Il n’y aura probablement pas d’apocalypse climatique, mais une telle accumulation de crises ponctuelles qu’elle en deviendra finalement structurelle. L’augmentation de la température, tout d’abord, rendra impropre à la vie humaine nombre de régions en Afrique sub-saharienne et d’Asie du Sud-Est, ce qui engendrera des mouvements de population massifs et des déstabilisation régionales. Les émissions de gaz à effet de serre affectent également les rendements agricoles. La concentration de CO2 dans l’atmosphère influe sur le développement des céréales, de même que le réchauffement climatique, qui influe sur les précipitations, les sécheresses, et surtout peut provoquer des maturités trop précoces. La croissance des rendements agricoles a déjà commencé à ralentir. Les dernières prévisions décrivent des conséquences contrastées : la productivité mondiale de maïs – première culture dans le monde – souffrirait énormément (de -6,4% à -24,1% selon les modèles), celle du blé s’accroîtrait (+8,8% à +17,5%), tandis que le soja et le riz auraient des résultats plus différenciés régionalement. D’un point de vue géographique, l’Afrique subsaharienne, où la culture du maïs est la première culture alimentaire de base[1], et notamment l’Afrique de l’Ouest, en souffrirait très durement, sans gain substantiel pour les autres cultures[2]. Or la population de l’Afrique subsaharienne devrait passer d’environ 1 milliard de personnes en 2019 à 2,1 en 2050 et 3,8 milliards en 2100[3]. On imagine ce qu’une baisse des rendements agricoles dans ces économies essentiellement vivrières pourrait impliquer en termes d’émeutes de la faim, de conflits, de failed States et de migrations de masse (dont, quoi qu’on en dise, nous n’avons encore rien vu) qui affecteraient d’abord les pays africains eux-mêmes, puis le Maghreb et l’Europe. Bien sûr, la question doit d’abord être traitée avec humanité. Mais l’humanité demande précisément du réalisme et de l’anticipation, car on voit mal comment des flux migratoires massifs et non maîtrisés ne provoqueraient pas une violente réaction populiste et xénophobe en Europe, comme la crise de 2015 en a donné un avant-goût amer.

Autre déterminant d’ordre écologique, l’amenuisement des ressources d’énergie fossiles va profondément fragiliser nos économies et nos sociétés, dont la croissance depuis le XIXe siècle a essentiellement reposé, d’un point de vue physique, sur l’exploitation du charbon et du pétrole. La production mondiale de pétrole « conventionnel » a atteint son pic en 2008. Désormais, la production se maintient grâce à l’exploitation des pétroles « non conventionnels », plus difficiles à exploiter et de moins bonne qualité, notamment aux États-Unis. Si un épuisement de la ressource n’est pas à craindre à court terme, sa raréfaction est quasi certaine, avec ce que cela implique de hausse des prix et de captation par les producteurs. Entre 1975 et 2015, lorsque leur production s’effondrait, les États-Unis ont mis en place un embargo sur les exportations de produits pétroliers : il n’y a pas de raison qu’ils ne recommencent pas lorsqu’ils jugeront la chose nécessaire pour leur intérêt national. Nos systèmes productifs, mais encore nos systèmes sociaux sont si dépendants du pétrole qu’ils ne pourront en être que profondément ébranlés. La crise des Gilets Jaunes n’est là aussi qu’un avant-goût succinct de ce qu’une hausse du prix du carburant et une limitation des mobilités individuelles pourrait engendrer en termes de conflits sociaux. Pour anticiper le choc, nous n’avons pas d’autre choix qu’engager une transition énergétique massive, qui reposerait sur une électrification à grande échelle de notre système productif alimentée par les énergies renouvelables et le nucléaire. Les stratégies alternatives sont peu plausibles, et celle-ci pourtant, en renforçant notre dépendance au « tout électrique », n’est pas non plus sans risque : que se passerait-il, au niveau des infrastructures critiques, vitales en certains domaines, en cas de défaillance du réseau électrique?[4] C’est la grande inconnue d’après-demain, qu’il nous faut pourtant déjà anticiper dans les solutions de sortie de l’âge industriel thermo-fossile. La solution apportée aux problèmes engendrés par les solutions d’hier ne doit pas faire le lit des problèmes de demain. Le socialisme de la transition écologique se doit d’éviter qu’une fois de plus l’histoire, comme écrivait Marx, avance par le mauvais côté.

Dernière contrainte écologique, que la crise du Covid-19 nous rappelle : la vulnérabilité épidémiologique d’Homo sapiens à l’heure de la mondialisation, c’est-à-dire des grandes métropoles fortement interconnectées. Si le développement des sciences et techniques médicales, ainsi que les capacités des systèmes de protection sociale nous rendent plus « résistants » aux chocs épidémiques que par le passé, les densités urbaines et la spécialisation des activités nous rendent à la fois tout autant « vulnérables ».

Dans un contexte de régionalisation et de mise sous pression des nations européennes, leur cohésion renforcée semble logique et nécessaire. Il ne s’agit pas d’irénisme néanmoins : d’une part leur compétition économique ne cesse pas et la mise en commun des forces est davantage un symptôme de leur déclin géopolitique que d’un hypothétique nouveau départ, d’autre part les interdépendances européennes et l’importance qu’y jouent les États sociaux représentent un point de convergence réaliste. La cohésion géopolitique de l’Union européenne, qui s’élabore progressivement, est cependant aujourd’hui davantage le fruit de pressions exogènes, à commencer par la compétition hégémonique que se livrent la Chine et les Etats-Unis, que d’un processus strictement endogène. L’ambition de « l’Europe-puissance », comme si les Vingt-Sept pouvaient se fondre en un super-État continental de même échelle, semble assez illusoire : c’est plutôt un jeu d’équipe le plus harmonieux possible que nous pouvons viser, où la coordination et la concertation nous permettront d’une part de mieux résister aux chocs géopolitiques, d’autre part de travailler efficacement à l’établissement de règles régulant l’inévitable compétition mondiale sur les plans militaires, technologiques et économiques. Si elles ne s’unissent pas, les nations européennes ne pourront pas donner force de loi aux règles qu’elles s’efforcent d’édicter, ni attendre de réciprocité de leurs partenaires.

Il y a une voie moyenne pour la France entre deux extrêmes qui correspondraient à deux manières pour elle de sortir de l’histoire. D’un côté, une « finlandisation » à grande échelle, qui passerait – tentation récurrente d’une certaine gauche et d’une certaine droite françaises – par la remise en cause de l’alliance avec les États-Unis. Cela consisterait à tout miser sur une position de neutralité confortable pour réaliser des objectifs politiques domestiques, aussi longtemps que les grandes puissances s’en accommodent. Mais ce serait renoncer à toute ambition internationaliste et au rôle stabilisateur auquel peut prétendre une puissance certes de second, mais pas de troisième ou de quatrième rang. Ce serait aussi, chose inévitable compte tenu de l’attachement des autres États-membres à l’atlantisme, se séparer du projet européen, qui est depuis l’origine le corollaire de la primauté américaine au sein du monde occidental. D’un autre côté, l’alignement forcené et, il faut le dire, presque servile du Royaume-Uni sur les États-Unis, est une manière de précipiter le déclin. Le rôle stabilisateur des États-Unis dans le monde nous regarde, moins leurs démêlés impériaux en mer de Chine. N’oublions pas que ceux-ci attendirent la guerre sous-marine à outrance en 1917 et Pearl Harbour en décembre 1941 pour rejoindre le camp occidental lors des deux guerres mondiales.

Il y a, surtout, une réalité européenne déjà présente, qui est moins une « construction » qu’une longue sédimentation historique. De ce point de vue, le vieillissement de l’Europe revêt une valeur propre. Les sociétés européennes, quoiqu’elles possèdent des systèmes d’organisation différents, sont celles qui dans le monde se rapprochent le plus du socialisme démocratique. C’est globalement la région du monde où l’équilibre entre liberté et égalité, entre individualité et collectif est le mieux respecté. Même si ces équilibres tiennent à des systèmes productifs qui ne sont pas écologiquement soutenables à moins d’être réformés, ils sont des acquis précieux de notre histoire. Et cela tient, d’abord, à des équilibres géopolitiques. Qu’on les compare d’un côté avec le système américain ultra-capitaliste et ultra-communautaire à la fois et où la Constitution démocratique libérale elle-même est de plus en plus menacée ; d’un autre côté avec le totalitarisme chinois qui ne recule ni devant le génocide, ni devant le mensonge et l’inquisition systémiques : il est indéniable que les sociétés européennes possèdent un air de famille « socialiste ».

Le préserver impose de respecter certaines règles supranationales et de soutenir une certaine compétition économique. Ce sont en effet les fondements de la cohésion géopolitique de l’Union européenne, qui est elle-même une condition des équilibres sociaux et politiques des États membres. Le socialisme du XXIème siècle ne peut se contenter de promettre des lendemains qui chantent. Mais, s’il assume d’être aussi imparfait que le monde l’est et aussi ambitieux que les défis qu’il doit affronter, il a encore une chance de devenir aussi réel que lui.

 

[1] H. McHAULEY, « Les cultures céréalières: riz, maïs, millet, sorgho et blé », in Conférence « Nourrir l’Afrique ». Document de référence 21-23 octobre 2015, Nations Unies, Commission économique pour l’Afrique, p. 6

[2] J. JÄGERMEYR et al., « Climate impacts on global agriculture emerge earlier in new generation of climate and crop models », Nature Food, Novembre 2021, DOI: 10.1038/s43016-021-00400-y

[3] United Nations, Department of Economic and Social Affairs, Population Division, World Population Prospects 2019: Highlights, 2019, p. 6

[4] G. DUBEY et A. GRAS, La servitude électrique. Du rêve de liberté à la prison numérique, Paris, Seuil, 2021.

 

Nathan Cazeneuve est agrégé de philosophie et doctorant à l’EHESS (Lier-Fyt), membre du comité de rédaction de la revue Germinal.

 

Alexandre Escudier est chercheur au CEVIPOF (SciencesPo). Ses travaux portent sur la philosophie politique et la sociologie historique. Il est membre du comité de rédaction de la revue Germinal

 

Emmanuel Phatthanasinh est agrégé d’histoire et doctorant, membre du comité de rédaction de la revue Germinal.

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