[Bulletin #2] L’identité de l’Europe n’est pas une politique

Cet article d’Emmanuel Phatthanasinh est le deuxième texte de notre bulletin #2 « Existe-t-il une identité européenne? », après celui de Guillaume Durieux. Il sera discuté par Vincent Descombes.  

À suivre en janvier : « Vers une agriculture écologique » avec Marc Dufumier, Pierre-Émmanuel Dillot et Mathieu Courgeau. 

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Dans son article, Guillaume Durieux conteste, ou du moins nuance, l’idée qu’il n’y aurait pas d’identité européenne. Il me semble si évident qu’il existe bien une telle chose, que je ne peux que souscrire à ce qu’il avance. J’aimerais néanmoins repartir davantage de la fin de son article, qui recherche la raison pour laquelle on entend malgré tout qu’il n’y aurait pas d’identité européenne. Selon Guillaume Durieux, ceux qui l’affirment critiquent en fait la faiblesse des mécanismes démocratiques dans le fonctionnement de l’Union Européenne. Ce serait un problème crucial, puisque de nos jours, la légitimité repose sur la démocratie, alors que l’Union Européenne ne peut pas fonctionner sur le modèle d’un État-nation démocratique.

J’aurais tendance à dire, pour ma part, que le problème est surtout le suivant : ce en quoi consiste l’identité de l’Europe n’est que rarement utile pour définir une politique, et le plus souvent pas du tout – beaucoup moins que les identités nationales, justement. Mais pour commencer, le terme d’identité est assez vague, et recouvre à mon sens trois choses constitutives d’un fait collectif. Dans l’ordre du plus subjectif au plus objectif : le sentiment d’appartenance, la culture, et la civilisation.

Le sentiment d’appartenance est la composante la plus évidente de l’identité – et aussi la plus superficielle. Un sentiment, c’est des impressions psychologiques et des discours. Il y a certains moments où une famille qui se retrouve, une équipe de football qui célèbre une victoire, une communauté qui se rassemble pour une fête religieuse, une nation qui se libère, etc., se sent unie. Tous ses membres ont l’impression de « faire corps », de « communier » dans un même élan, ou ce genre de choses. Cela, certainement, a du bon – la plupart du temps du moins. Mais le lendemain, cela est passé. La coupe du monde 1998, malgré l’enthousiasme qu’elle a soulevé, n’a pas résolu les clivages identitaires de notre pays. Cette conception de l’identité comme sentiment d’appartenance, c’est celle que défendait Paul-François Schira contre l’éditorial de notre premier numéro. Belle vision de l’identité que celle-là, fascinante et tragique pour sûr, mais indécrottablement romantique, malheureusement. Parce que l’on a beau s’imaginer que l’on fait corps, se l’imaginer très fort et être nombreux à le faire, la multitude ne devient pas pour autant réellement un corps : chacun continue de s’imaginer ces choses pour soi dans sa tête.

Il se trouve que l’Europe possède fort peu de ressources dans ce genre d’identité-là. Comme le remarque justement Guillaume Durieux, il n’y a pas vraiment d’opinion publique européenne, ni de mobilisation transnationale pour de grandes causes – si ce n’est l’école buissonnière du vendredi en visio avec Mademoiselle Thunberg – ni beaucoup de références communes, ni de participation aux élections du Parlement européen, etc. L’Europe ne fait pas vibrer, l’Europe ennuie. Nous ne chantons l’Ode à la joie ni la main sur le cœur ni un genou à terre – et même plus du tout passée la classe de CM2. Or une bonne partie de l’art politique consiste pressentir, canaliser, si ce n’est manipuler ce sentiment d’appartenance à un groupe. Dites aux gens que vous les avez compris, et vous gagnez du temps pour faire précisément ce que vous avez compris qu’ils ne veulent pas, cela est vieux comme le monde. À ce jeu-là, l’Europe, c’est-à-dire l’Union européenne, est un peu courte. Et ce n’est peut-être pas si grave, parce que le pur sentiment d’appartenance, en fin de compte, est formel. Pourvu qu’on se sente un groupe, peu importe que l’on fasse des idioties. C’est ainsi que nos amis Britanniques, pour le plaisir de s’imaginer qu’ils étaient an island entire of itself capable de dériver au Grand Large, se retrouvent à devoir suivre des politiques contraires à leurs intérêts nationaux bien compris. En attendant, si l’essence de la démocratie, c’est le référendum (ce qui est probablement vrai), alors il est probable également que l’Union Européenne ne sera jamais très populaire. Heureusement, l’identité possède, nous l’avons dit, des dimensions un peu plus objectives que le sentiment d’appartenance.

 

Moins subjectif que celui-ci, donc, la culture. La culture, ce n’est pas le temps très court des impressions psychologiques et des discours, mais ce que l’on croyait bon d’appeler, il y a cinquante ans, des structures, c’est-à-dire des configurations souvent inconscientes que nous ne pouvons pas changer au gré de nos caprices. Bien évidemment, il y a des cultures nationales (et, en-deçà, même régionales, voire patelines) mais elles sont en fin de compte les membres de la grande famille qu’est la culture européenne. Il y a d’ailleurs plusieurs sous-familles : la latine, la germanique, l’anglo-saxonne, la slave, etc. Mais indéniablement, une culture européenne existe bien en tant que telle. Une culture possède elle-même plusieurs strates. Les références – Dante, Milton et Goethe qu’on n’a rarement lus – et les symboles sont plus superficiels que certaines mœurs distinctives. M. Salvini a beau agiter un chapelet sur le parvis du Duomo, il est divorcé, concubin séparé et re-séparé – c’est-à-dire post-soixante-huitard, comme tout le monde, surtout à l’extrême-droite, ainsi qu’Olivier Roy l’a bien fait remarquer. Restent donc les mœurs, ce que l’on fait, davantage que ce que l’on dit. Par définition, elles sont difficiles à lister puisqu’elles sont trop évidentes. C’est un ensemble d’habitudes corporelles et de gestes qui font qu’on reconnaît rapidement un non-Européen en Europe et que vous ne comprenez rien à ce qui se passe autour de vous lorsque vous débarquez pour la première fois hors du continent. C’est en somme tout un complexe anthropologique que Norbert Elias appelait la « civilisation des mœurs », c’est-à-dire un genre d’urbanité et de politesse qui existe dans une version bien européenne, et qui nous distingue des Américains comme des Russes.

Il y a néanmoins une objection possible à cette idée que la culture européenne serait délimitée avec une netteté suffisante. Pour Braudel, par exemple, l’identité méditerranéenne était tellement forte qu’elle empêchait de parler proprement d’identité européenne (même s’il est revenu là-dessus, semble-t-il, dans ses derniers ouvrages). On pourrait aussi rétorquer : n’y a-t-il pas un continuum de cultures où l’on ne verrait pas bien où commence et où finit celle de l’Europe ? Un Sicilien n’est-il pas plus proche d’un Tunisien que d’un Norvégien ? Mais justement : en vingt ans un Sicilien émigré en Norvège s’intègre, prend les mœurs du pays, et se naturalise, au point que l’essentiel de sa sicilianité est prescrite. Néanmoins, il en reste bien, tant qu’il vivra, quelques vestiges, si infimes soient-ils, la trace d’un accent, une petite erreur. Mais chez ses enfants, il n’en restera plus rien, ils seront intégralement Norvégiens. La culture dans ce qu’elle a d’anthropologique, ne dure pas éternellement, elle dure une vie humaine, soixante-dix, quatre-vingts ans tout au plus.

Ce qui demeure au-delà de l’échelle d’une vie, ce qui structure et canalise le flux du présent, ce ne sont pas les habitudes, mais la mémoire. Les habitudes peuvent bien se transmettre, mais seulement sous la forme de l’imitation, pas de l’identité. Elles ne sont que de petits gestes, de touts petits événement chaque jour répétés, mais pas le même geste, ni le même événement. Des habitudes ne font pas un habitus. Dans notre mémoire, en revanche, survit encore quelque temps, par rémanence ou rétention, un passé que nous n’avons pas personnellement connu et qui nous a été transmis. Le fond de la culture, ce sont les traces douloureuses que les événements ont laissé sur les routes de poussière de nos mémoires, avant qu’elles ne s’estompent, recouvertes par l’oubli, et que, les événements effaçant les événements, d’autres traces ne soient laissées. Combien de temps la mémoire peut-elle durer ? Probablement trois, au mieux quatre générations, jusqu’à la mort de la dernière à avoir connu de son vivant des témoins de l’événement. Au-delà des témoignages qui nous ont été transmis face à face, il y a l’oubli, qui nous permet de continuer à vivre, et que par horreur du vide nous remplissons par de la mythologie, du roman, de l’idéologie, de l’histoire, etc. Il faut admettre que la culture européenne ne remonte pas à Érasme ou Voltaire. Elle est récente, à l’échelle des temps historiques c’est la dernière neige ou la fleur des champs. En fin de compte, ce qui définit une culture, c’est le passé et les morts avec lesquels on continue de vivre – et point trop n’en faut.

De ce point de vue-là, il faut, au-dessus des cultures nationales, délimiter une culture européenne. À cause de la mémoire – qui, à présent, va s’effaçant – de l’extermination des Juifs durant la dernière guerre. Nous, les Européens, sommes les descendants ou des bourreaux, ou des complices, ou des indifférents, ou des ignorants, ou des justes, ou des victimes de la Shoah. On déplore parfois que l’Europe n’ait pas de grands récits en-dehors des traumatismes de 1939-1945. Mais justement, n’est-ce pas parce que la Shoah est, aujourd’hui en 2022, le dernier événement véritablement européen dont nous nous souvenions de mémoire d’homme ? La souffrance juive, en couvrant l’essentiel du continent, en a liés les diverses mémoires. Dès lors que nous en avons, de près ou de loin, connu des témoins, cela fait de nous, pour peu que nous ne soyons pas insoutenablement légers, des Européens. Quant à ce qui adviendra de notre culture lorsque la majorité des Européens seront nés après la mort des derniers témoins de la Shoah – et cela n’est pas pour dans fort longtemps – je l’ignore.

Les hommes ont la mémoire courte, et celle de l’Europe ne fait pas exception à la règle. Elle a été façonnée par certains événements arbitraires, dont un jour le souvenir passera, qui ont fait grosso modo coïncider une certaine culture avec les frontières de notre continent. Être européen est peu de choses, en attendant c’est ce que nous sommes. Ce qui implique, en revanche, que l’Espagne, le Portugal ou l’Irlande soient en ce sens moins européens que la Russie, et pas davantage que la Turquie. Ce qui implique aussi que l’Europe centrale, notamment la Pologne et la Hongrie, soient d’une européanité relativement hétérogène à la nôtre. S’il est vrai que la mémoire est du vécu qui n’a pas fini d’être digéré, ainsi que du vécu de vécu, alors diverses manière de vivre les événements produisent des mémoires différentes. Pour les peuples d’Europe centrale, l’époque du totalitarisme ne s’est pas terminée comme pour nous, les Occidentaux, en 1945, mais en 1989. Ils ont été envahis deux fois : par les Nazis (à plus ou moins brève échéance au cours de la guerre) puis par les Soviétiques en 1945. Et la mémoire étant d’une capacité limitée, ils n’ont plus beaucoup de place, à côté de leurs souffrances à eux, pour celles des Juifs, et certainement pas pour les souffrances juives dont ils sont responsables. C’est la philosophie de la Maison de la Terreur à Budapest, et il faut bien comprendre qu’elle ne repose pas sur une simple idéologie, mais une mémoire absolument sincère dans son révisionnisme intégral : les Hongrois se souviennent que, de 1944 à 1989, ils ont triplement souffert, des Nazis, des Croix fléchées, et du communisme. Et c’est trop pour se souvenir que les Juifs ont davantage souffert encore. Et c’est beaucoup trop pour admettre de diminuer leur propre souffrance en se souvenant qu’ils sont en partie responsables de celles des Juifs.

Mais revenons à la question initiale : cette culture, dans ses différents étages, doit-elle déterminer nos choix politiques ? Avec modération. Prenons l’exemple de la candidature de la Turquie à l’UE. Les éléments les plus immédiats du refus européen avaient trait à des questions d’opportunités politiques, et de ce point de vue-là les conflits territoriaux avec la Grèce ou Chypre, la répression des minorités ethniques, les frontières à risques de la Turquie, et la perspective d’une immigration de masse en provenance des régions les moins développées étaient les obstacles les plus déterminants. Mais d’un point de vue culturel, il n’était pas non plus absurde de ne pas admettre un pays qui refuse de reconnaître sa responsabilité (sous la forme du gouvernement des Jeunes Turcs à la fin de l’Empire ottoman) dans un génocide, ou de craindre pour la capacité à s’intégrer d’un grand nombre d’immigrés aux mœurs éloignées de celles de l’Europe, et fort communautaristes avec cela (sans commune mesure avec les autres immigrations musulmanes). Un autre exemple : notre mémoire nous interdit d’être antisionistes. Il n’est pas européen de parler des Juifs comme « d’un peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur », ni de boycotter Israël comme font les Islandais. Mais cela n’implique pas qu’il faille déplacer notre ambassade à Jérusalem ni cautionner les colonies. De toutes les dimensions de l’identité européenne, la culture est celle qui peut le plus influer, me semble-t-il, sur la conduite d’une politique ; mais toujours en complément des intérêts objectifs et du droit, jamais seule. Avec modération et au cas par cas, donc.

 

Il y a tout de même un peu de temps long dans l’identité européenne. Ce n’est ni le sentiment euphorique d’un soir, ni trois quatre générations de culture, c’est, nous le disions, la civilisation. Qu’est-ce qui, en traversant réellement les siècles, mérite ce nom-là ? La pierre, rien que cela. Une civilisation est morte lorsque ses monuments ne sont plus que des ruines, ou lorsqu’ils sont remplacés par ceux d’une autre civilisation. Et en réalité, la plupart des artefacts de notre vie quotidienne sont extrêmement périssables : passoires, smartphones, voitures, et même les tours de verre et d’acier ne sont pas faits pour durer – aussi, ils ne méritent pas d’être appelés à proprement parler une civilisation. Ce qui dure, c’est la pierre, dont même les ruines, sans être éternelles non plus, persistent longtemps après que les civilisations sont mortes. L’acte de naissance de la civilisation européenne, de ce point de vue-là, son tout petit acte de naissance, avec ses airs de parvenu qui copie encore Byzance, c’est l’Octogone d’Aix-la-Chapelle, que Charlemagne fit édifier autour de 800. Car la civilisation de l’Europe n’est pas celle de la Méditerranée, celle de la Phénicie, de la Grèce et de Rome qui s’est prolongée jusqu’en 1453 à Constantinople. Entre Rome et l’Europe, il y a un hiatus civilisationnel, ou transition sous-terraine si l’on préfère. Que le christianisme se soit (tant bien que mal) maintenu sous les royaumes germaniques est, en terme de civilisation, aussi superficiel que son effondrement actuel. La civilisation de l’Europe n’est pas non plus celle de l’Orient orthodoxe, autour de Moscou et Kiev, dont les grandes constructions commencent à la Renaissance. La civilisation de l’Europe, c’est celle des cathédrales et des églises. On a beau ne plus croire, ne plus aller à la messe, ne même plus se dire chrétien, on continue d’entretenir les églises, de reconstruire Notre-Dame, d’achever la Sagrada Familia (n’en déplaise à M. Onfray, c’est un fait). Les limites de l’Europe des cathédrales occidentales se dessinent assez clairement, passant, côté Est, à peu près par la frontière actuelle de l’UE, se brouillant un peu au niveau de la Méditerranée, entre la cathédrale-mosquée de Cordoue, Notre-Dame d’Afrique à Alger, la cathédrale de Cefalù, etc. Elles sont difficiles à distinguer dans les Balkans – Zagreb en est, Belgrade et Sarajevo n’en sont pas, Venise c’est douteux – mais l’ensemble reste indéniablement cohérent. Et à partir du XVIe siècle, elles se sont mises à englober, à l’Ouest, tout le continent américain, de la basilique de Montréal à la cathédrale de Santiago du Chili, en passant par celles de Washington et Mexico. Des civilisations mésoaméricaine et andine, il ne reste, malheureusement, que des ruines.

La pierre, en termes d’identité, c’est du solide. Si le sentiment en est le couvert végétal et la culture l’humus, la civilisation est, pour sa part, la couche sédimentaire de l’identité (qu’on peut, cela dit, creuser d’un coup de dynamite, comme à Bâmiyân). Et pour nous, il n’y a de civilisation qu’européenne, nullement française, italienne, etc. Mais, malgré Samuel Huntington, cela ne fait pas une politique pour autant, encore moins que la culture ou le sentiment. Parce que nous partageons la même civilisation que les États-Uniens, fallait-il aller envahir l’Irak en 2003 ? Non, l’enjeu, c’était qu’il y eût ou non des armes de destruction massive, et que ce pays devînt ou non un semi-protectorat iranien. Allions-nous promouvoir la civilisation européo-occidentale en Afghanistan ? Non, détruire une organisation terroriste et punir le régime qui l’hébergeait. À présent, cette même civilisation exige-t-elle que nous mourrions pour Taiwan, au nom du prétendu choc avec celle de la Chine ? Non, ce qui est en cause, c’est le projet de réunification nationale du PCC face à l’architecture de sécurité américaine dans le Pacifique, qui ne nous regarde que depuis Nouméa. À l’inverse, s’il faut mourir pour la passe de Suwalki, ce n’est pas parce que la Russie est une autre civilisation. C’est parce que la crédibilité du Traité de l’Atlantique Nord, qui garantit la paix dans le continent et l’ordre de Potsdam, exige ce sacrifice un peu lointain à nos yeux français. Si l’on veut absolument entrer dans le détail, on peut, pour des raisons de civilisation, s’abstenir de subventionner des mosquées monumentales en Europe. Mais ne paniquons pas : le béton armé n’est pas civilisationnel, il dure au mieux cent ans. De manière générale, les civilisations, comme les glaciers, s’écoulent à un rythme trop lent pour être des objets pertinents du point de vue de la politique, ou même pour pouvoir produire quelque choc que ce soit les unes contre les autres.

 

L’Europe n’a-t-elle donc pas d’identité ? Bien sûr que si. Sentimentale fort peu, certes, mais culturelle et civilisationnelle, indéniablement. L’Union Européenne a-t-elle en revanche une identité « politique » ? Pour ce que cette idée toute moderne signifie, non, elle n’en a pas vraiment. Et alors quoi, va-t-on en sortir ? Pour le simple plaisir de faire quelque chose de déraisonnable ? L’UE, c’est une politique sans identité, mais tant que cela fonctionne, c’est déjà suffisant.

 

Emmanuel Phatthanasinh (membre du comité de rédaction) est agrégé d’histoire. Ancien élève de l’École Normale Supérieure, il est doctorant en histoire. 

 

Illustration : Lisa Larsen, « A Crowd of Russian Faces ».

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